Guérir des blessures du divorce (Suite)

11 août 2017 par Jacques Loignon



 

La personne vivant la séparation ou le divorce sera aux prises avec trois facteurs importants dans sa vie personnelle: le rejet, la culpabilité et une perte d’estime de soi.

 

1- Rejet

Vivre une séparation, surtout si vous ne l’aviez pas désirée ou que vous n’en êtes pas la cause, crée un sentiment profond de rejet. La personne que vous aimiez ne vous aime plus et ne désire plus vivre avec vous. Vous vous sentez abandonné et plus bon à rien.

Votre réseau familial change : votre belle famille que vous aimiez, maintenant ne veut plus vous voir ou ne cherche plus votre contact. Il y a aussi les amis  que vous aviez en tant que couple. Certains demeureront fidèles à votre conjoint(e) et ne voudront plus vous parler. D’autres aimeront mieux se tenir à l’écart ne sachant trop quoi vous dire. « Doit on l’encourager ou non dans son divorce? » Vous les appelez au téléphone, vous avez besoin de parler mais il semble que vos amis sont de moins en moins disponibles pour vous.

Puis il y a l’Église : Quelques chrétiens maladroits vous ont déjà fait des sermons à propos du divorce. "Dieu hait le divorce. C’est péché ce que tu fais. Il y a sûrement quelque chose dans ta vie qui n’est pas très clair. Tu dois te repentir". Alors vous apprenez que vous ne faites plus partie de l’équipe de louange ou que votre nom a été rayé de la liste des moniteurs de l’école du dimanche. Des chrétiens ne vous parlent plus. Tandis que d’autres vous font un drôle de regard. Votre sentiment de rejet ne fait qu’augmenter. Vous ne voulez plus voir personne, et votre désir de venir à l’église est en chute libre.

Il faut que l’Église sache accueillir ces personnes. Accueillir ne veut pas dire être en accord avec le divorce. Jésus mangeait avec les pécheurs, étaient ils d’accord avec leurs péchés ? La personne qui vit la séparation a besoin de sentir de son église qu’elle sera acceptée telle qu’elle est. L’Église doit être un lieu où n’importe quelle personne peut trouver, réconfort, soutien et l’Amour de Dieu. Une philosophie d’accueil est donc nécessaire dans l’église en débutant par ses responsables.

Désirons nous aider ces personnes dans notre église? Il faut répondre à cette question avant tout. Si oui alors il faut inculquer à l’Église une attitude qui démontre notre soutien et notre désir d’aider la personne qui vit une crise majeure dans sa vie.                   

 

2- Culpabilité 

En plus du rejet la personne vivant une crise de divorce dans sa vie se sentira coupable. Coupable d’avoir échoué dans son mariage. Ce sentiment de culpabilité sera encore plus grand si la personne est chrétienne.  « Qu’ai je fait de mal? Pourquoi moi? » Aussi étrange que cela puisse paraître, beaucoup de mariages vivant des situations semblables ou pires ne divorceront jamais. La personne se sentira coupable envers elle-même. Coupable aussi envers ses enfants. Ils subissent eux aussi la situation et ils n'y sont pour rien. Coupable envers Dieu, car en se mariant, ils s’étaient engagés pour le meilleur et pour le pire et cela pour la vie. Coupable devant l’Église car quel témoignage cela donne t-il aux autres couples? Bien sûr il faut que la personne qui passe par le divorce assume la responsabilité de ses gestes. Mais il ne faut pas qu’un fardeau de culpabilité si lourd ne vienne faire obstacle à l’espérance du pardon et de la restauration. Ce n’est pas à l’église en général de juger la personne. D’ailleurs qui sommes nous pour juger!   Chaque divorce devrait bien plus nous inspirer la crainte de Dieu et l’humilité. Car que celui qui pense être debout prenne garde de tomber. (1 Corinthiens 10 :12) Cela devrait nous encourager à mettre à jour notre propre relation de couple. On doit aider la personne vivant le divorce à assumer ses responsabilités et à trouver le pardon. Des personnes qualifiées (pasteur conseiller …) devraient aider cette personne dans sa démarche. Comprendre ce qu’elle vit et l’encourager dans la mesure du possible à la réconciliation. Mais si la réconciliation s’avérait impossible dû au manque de collaboration de l’autre conjoint, on devrait aider la personne à trouver la paix.

 

3- Perte d’estime de soi.

En plus du rejet et de la culpabilité la personne vivant une séparation aura une sérieuse crise d’estime de soi. Qui suis-je maintenant? Je pouvais avant m’identifier comme marié (mari ou épouse), mais maintenant je ne suis plus marié et je ne me considère pas vraiment comme célibataire. La plupart de mes amis sont des couples mariés. À l’Église j’avais l’habitude d’aller aux rencontres pour les couples et je ne me vois pas participer aux rencontres des célibataires.  Ce que j’ai bâti pendant toutes ces années s’est écroulé, ma famille, ma résidence, mes biens, tout cela est en pièces! Je repars à zéro!
 Nous devons aider ces personnes à retrouver leur place. Il faut faciliter leur réintégration au réseau social de l’église, à refaire des liens et des amitiés. Il faut penser à eux dans nos programmes. La personne vivant la séparation vivra une période de crise qui la conduira dans toutes sortes d’états d’âme. On peut comparer cela au deuil. Le divorce étant la mort d’une relation. La colère, le déni, et la dépression seront sur le chemin de cette personne en voie de restauration. Dans ce cheminement l’église devrait l’accompagner. Cette personne, maintenant seule, ne devrait pas être abandonnée à elle-même. Elle sombrera dans une dépression profonde, s’éloignera de l’église et s’isolera. Il faut qu’un réseau soit établi pour l’appeler, l’inviter à différentes rencontres formelles ou informelles. Il faut rapidement l’introduire à un groupe de soutien qui l’aidera à partager ses émotions dans un climat de confiance, sain et sans jugement. Tout cela est primordial. Cela contribuera à aider la personne à cheminer vers l’acceptation et la restauration. (Un cheminement qui prend entre deux et trois ans).

Comme vous pouvez le constater, aider les personnes en crise de divorce n’est pas une chose facile et nécessite un engagement sérieux de l’église. Les besoins sont immenses et les ressources  si peu disponibles. Je crois vraiment que l’église qui développera un  ministère sérieux pour les personnes séparées ou divorcées, moissonnera une récolte abondante d’âmes. Il faut que les portes de l’église s’ouvrent et que nos mains soient tendues.



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