Je ne peux plus respirer

22 juin 2020 par Claude Houde



« Je ne peux plus respirer ». Ce sont là les derniers mots prononcés par George Floyd, un Afro-Américain, avant de mourir sous le genou d’un policier blanc. Sa mort a ébranlé le monde, déclenchant une vague de protestation dépassant les frontières des États-Unis. Partout, des milliers de gens se lèvent pour dénoncer le racisme et la discrimination auxquels font face les personnes de couleur depuis beaucoup trop longtemps. En tant qu’Église, nous ne pouvons rester silencieux face aux innombrables injustices dont sont victimes nos frères et sœurs de milieux ethniques et culturels différents ; en fait, Dieu nous demande de nous y opposer ouvertement. 

En effet, plusieurs fois dans la Bible peut-on lire l’importance de pratiquer la justice, ainsi que d’être une voix pour ceux et celles qui sont laissés pour compte (ex. Proverbes 31 : 8-9). Malheureusement, pendant longtemps – et encore aujourd’hui parfois – l’Église est connue pour ce à quoi elle s’opposait. À certains moments de l’histoire, elle s’est même positionnée en faveur de la ségrégation raciale et a lutté contre son abolition. Qu’est-ce qui peut expliquer qu’autant de chrétiens blancs étaient racistes ? Ils s’appuyaient probablement sur certains versets bibliques, en ignorant le contexte dans lequel ils ont été écrits, et surtout, en oubliant qui est Dieu : un être bon, juste, qui ne fait pas de favoritisme, qui crée chaque être humain à son image, et qui aime d’un amour inconditionnel. On peut voir à travers la personne de Jésus à quel point les injustices mettent Dieu en colère et brisent son cœur : les vendeurs du temple qui exploitaient les personnes non-juives l’ont tellement choqué qu’il les a chassés à l’aide d’un fouet et a renversé leurs tables (Jean 2 :13-17). Marc 3 : 5 nous dit aussi qu’il était profondément indigné et attristé par la fermeture d’esprit des religieux et par leur légalisme. 
Nous sommes appelés à être comme Jésus, et à être une représentation du cœur de Dieu. Ce n’est pas seulement à nos frères et sœurs noirs de se battre contre le racisme : toi qui lis ceci, peu importe ta couleur, c’est ton devoir de te joindre à eux pour bâtir un monde où personne n’est traité différemment à cause de sa couleur de peau. Mais par où commencer ? Et comment y arriver ?

Il faut d’abord s’arrêter, comprendre, et porter attention

Il peut être tentant de fermer les yeux sur la réalité du racisme quand cela ne nous concerne pas. On peut même trouver un peu fort le terme « racisme », nous sentant alors obligés de nous défendre et de préciser que nous ne sommes pas racistes et que nous ne discriminons personne. Néanmoins, cette guerre contre le racisme n’est pas une attaque contre les Blancs, et n’a rien de personnel. C’est plutôt une guerre contre un système établi depuis des générations qui favorise un groupe de personnes au détriment des autres. Si le concept de racisme systémique est nouveau pour toi, ou si tu as de la difficulté à le comprendre, Dieu t’invite à t’informer, à te questionner, et à être à l’écoute. 

La parabole du bon Samaritain est racontée par Jésus pour expliquer à un maître de la loi comment mettre en pratique l’amour de Dieu (Luc 10 : 27-37). Elle met en scène un homme gravement blessé et dépouillé par des brigands qui se fait aider par un Samaritain qui croise sa route. Mais avant l’arrivée de ce dernier, des hommes religieux ont aussi vu l’homme blessé, sans pour autant lui porter assistance : ils se sont écartés de lui et l’ont ignoré. La réaction du Samaritain nous apprend qu’avant de pouvoir aider qui que ce soit dans le besoin, il faut s’approcher de lui et s’efforcer de comprendre sa réalité, ce qu’il vit, de même que les blessures que certaines personnes ou expériences ont laissé en lui. 

Il faut ensuite avoir compassion, s’approcher et agir

Plusieurs personnes religieuses, à l’instar de celles décrites dans la parabole, détournent la tête de la souffrance de leurs frères et sœurs : il est temps que cela change. C’est normal d’être inconfortable par rapport à une situation, d’avoir des doutes et de ne pas se sentir qualifié, mais il nous faut agir. En voyant la souffrance de l’homme, le Samaritain a eu compassion de lui, et c’est à ce moment qu’il a décidé de prendre soin de lui. Il a pansé ses plaies, l’a mis sur sa propre monture, et l’a conduit jusqu’à l’auberge, où il a d’ailleurs payé l’aubergiste afin qu’il prenne soin de lui jusqu’à son retour. Faire ce qui est juste a coûté du temps, des efforts et de l’argent au Samaritain. Se battre pour la justice n’est pas facile, ça demande un engagement, mais c’est ce qui honore réellement Dieu. Tout comme Jésus a comblé les besoins des gens avant de les évangéliser, Dieu nous appelle non seulement à partager la bonne nouvelle, mais également à nous unir aux personnes différentes de nous, en portant leurs fardeaux, et en travaillant à bâtir un monde meilleur avec eux.

Enfin, il faut que j’admette que j’ai besoin de changer, dans mon cœur et dans mon âme

Nous avons tous et toutes des préjugés envers les personnes des minorités culturelles. Ce n’est pas mal d’en avoir ; malheureusement, c’est une fausse normalité, puisqu’on a grandi dans une société qui priorise la culture blanche. Ce qui est mal, c’est de prétendre qu’on n’en a pas, et de ne pas s’efforcer d’aller à l’encontre de certaines pensées et impressions ancrées en nous. Jésus nous appelle à traiter notre prochain avec compassion et à l’aider s’il est dans le besoin, peu importe sa couleur de peau. Alors que l’explosion d’indignation que le monde connait en ce moment va possiblement bientôt s’estomper, nous devons nous assurer que le combat ne s’arrête pas là. C’est notre devoir en tant qu’enfants de Dieu, de reconnaître que la justice spirituelle et la justice sociale ne peuvent être dissociées ; et de répondre à l’appel de Dieu à aimer notre prochain comme nous-même. 



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